Tout au long de notre travail de conception des célébrations du 375e anniversaire de Montréal,  nous avons eu pour objectif de réaliser des projets qui iraient au-delà de 2017.

Nous voulions changer les choses de façon durable, notamment pour l’industrie de la culture et du divertissement. Voici comment nous avons tout mis en œuvre pour y parvenir.

Dès l’étape de la planification, il était clair pour nous que nous devions réfléchir en ayant la pérennité à l’esprit. Ainsi, chaque fois que nous avons créé une activité ou que nous en avons coproduit une, nous avons demandé aux organisateurs d’imaginer à quoi celle-ci ressemblerait l’année d’après et les trois années suivantes. Nous leur avons demandé une programmation pluriannuelle. C’est la façon de penser que nous avons tenté d’inculquer aux promoteurs et aux producteurs, et nous croyons que cela a eu un effet très positif.

En ce qui concerne nos choix de programmation, nous avons pris des risques et fait des tests qui, au final, ont réussi à enrichir l’offre montréalaise en matière de tourisme, de culture et de divertissement.

Nous avons par exemple été les instigateurs des Hivernales et de la Classique Montréalaise, le tournoi de hockey en plein air au parc Jean-Drapeau. Près de 1 000 joueurs ont participé au premier tournoi, l’hiver dernier, et il y a déjà une liste d’attente pour l’année prochaine. Pour ce qui est de l’engouement et de la pérennité, nous croyons donc que c’est un succès !

De la même manière, à l’occasion du 375e, l’Igloofest 2017 a augmenté de 30 % sa durée et son achalandage. Il a vraiment fait des petits, au point où les propriétaires du concept sont en train de développer leur produit afin de l’exporter dans le monde entier.

Ces deux legs constituent un héritage considérable du 375e pour l’industrie du divertissement et auront des retombées bien au-delà du 2017.

Au cours de la période estivale, nous testons également la formule du théâtre d’été. Traditionnellement, les troupes de théâtre ne jouent pas l’été : c’est la période des vacances. Sauf que l’été est aussi la plus grosse période d’affluence touristique de l’année à Montréal. Nous essayons donc de créer ce créneau avec À nous la scène, un festival durant lequel seront présentés 11 spectacles en salle sur différentes scènes de Montréal. À nous la rue !, le plus grand événement de théâtre de rue jamais tenu en Amérique du Nord, présentera par ailleurs quelque 800 prestations extérieures gratuites. Cela permettra à certaines troupes du Québec de se développer, de se faire connaître et sans doute de rayonner pour arriver à s’exporter. Toutes ces activités pourraient bien représenter des legs de premier plan pour le secteur culturel montréalais.

Le pont avec les générations futures

Quels seront les principaux legs pour l’industrie de la culture et du divertissement à Montréal ? Il y a bien sûr l’illumination du pont Jacques-Cartier. C’est un héritage qui sera encore visible dans 10, 15 ou 20 ans, voire 50 ans. En fait, j’ai l’impression que ce sera là pour toujours ! C’est un bel exemple d’intégration des nouvelles technologies dans un produit de divertissement qui crée un nouvel attrait touristique de calibre mondial.

Dans le même ordre d’idées, je pense aussi à la Biosphère, un élément phare de l’identité de la ville un peu délaissé que nous avons en quelque sorte ressuscité en y installant un éclairage multicolore. Ancien pavillon des États-Unis durant Expo 67, c’est ce bâtiment qui a été le plus fréquenté à l’époque avec 5,3 millions de visiteurs.

C’est donc une façon de redonner un peu de fierté à l’Exposition universelle de 1967, un événement culturel capital qui célèbre cette année son 50e anniversaire, et de faire de cet édifice unique un legs aux Montréalais pour les 20 prochaines années.

Faire sa place au cœur de Montréal

Mon espoir, pour tous ces legs, est non seulement qu’ils existent le plus longtemps possible mais aussi, bien sûr, qu’ils soient rentables. Je souhaite qu’il y ait un grand nombre de gens qui participent à toutes ces activités, de sorte qu’elles finissent par faire partie de l’ADN de Montréal.

Dans ce contexte, un legs réussi, pour moi, doit avant tout servir à rendre hommage aux racines montréalaises. Il doit être pertinent, résonner et rayonner. Le musée Pointe-à-Callière, créé en 1992 pour le 350e anniversaire de Montréal, est un bon exemple de legs culturel réussi. C’est un élément qui a bien vieilli et qui fait partie des traits caractéristiques de notre ville.

Serons-nous capables de recréer un tel succès pour le 375? Je ne suis pas devin, mais si les Montréalais retiennent quelque chose des festivités de cette année, j’ai l’impression que ce sera le pont Jacques-Cartier illuminé. C’est une réalisation qui a certainement permis de transformer le travail d’équipe, mis en vedette une facette du merveilleux talent créatif montréalais, qui a frappé l’imaginaire des citoyens et des visiteurs ainsi que de faire rayonner Montréal partout sur la planète.

Alain Gignac

Alain Gignac est directeur général de la Société des célébrations du 375e anniversaire de Montréalun organisme à but non lucratif qui a pour mandat d’organiser les festivités et contributions socio-économiques qui marqueront le 375e anniversaire de Montréal en 2017.

Article écrit en collaboration avec Simon Lord.